mardi 14 février 2012


Février 2012

Courir de toute évidence



Canal du Midi...


Courir de toute évidence, courir. Depuis combien de temps déjà ? Au loin une boule de feu éclabousse le paysage et lui donne du relief. Le travail de cisaille du froid en sera stoppé. La campagne est pleine et silencieuse. Le temps s’accroche aux seuls rythmes des foulés et du souffle.

De l’Ouest un animal apparaît en gémissant. Ses yeux ouverts semblent éclairer la voie qu’il absorbe. Les barrières se baissent sur fond de rouge clignotant et interdisent le passage pour quelques instants. L’animal est un long ver au sein duquel des voyageurs endormis ignorent mon aventure quotidienne. Seule une silhouette humanise la machine.

Enfin le Canal, cette muraille de Chine liquide est aussi un fil d’Ariane. La lune en sursit s’y reflète et accompagnée du double de l’immense ciel étoilé, le voyage vers toi se poursuit.

Le monde animal organise un relai clair-obscur. Acteurs diurnes, figurants nocturnes se mélangent un instant sur la toile de cette peinture en mouvement. Changement de décor depuis les coulisses agitées d’un théâtre. Dans la précipitation certains acteurs se retrouvent là où ils ne devraient pas y être, tout aussi surpris que ce drôle de spectateur croisé aux heures matinales. 

Courir encore, poursuivre ce voyage extérieur et intérieur.

Les lumières évoluent, les claires remplacent les sombres. Plus chaudes elles gomment la noirceur du décor et entraînent avec elles les étoiles indécises. Les silhouettes tordues des arbres laissent apparaître leurs bras tendus vers le ciel qu’un bleu nouveau absorbe. Témoins, les lunes m’accompagnent toujours, les rotations ont modifié leurs positions mais elles restent bien là.

Le ver géant barrant la plaine en gémissant, les deux lunes m’accompagnant, les bras des arbres….la folie s’installerait-elle sournoisement dans le corps du coureur comme un amour interdit dans le cœur d’un séducteur ? Statique, cette contemplation aurait-elle été identique ?  Ma place ne serait-elle pas contre toi qui te réveille certainement ? J’imagine ton ombre nue, l’empreinte de ton corps dans les draps défaits. 

Ce soir ma course accueillera la nuit.

Gilles LORENTE

Où ? Combien ? Comment ? Par où ? :
Aude
Réflexion et rédaction issuent de plusieurs virées très matinales le long du Canal du Midi en février 2012...

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