Initialement cela devait-être un voyage de 60 km. Il s'agissait de repérer un projet, situé entre St Guilhem-Le-Désert, les Gorges de la Vis et le Larzac, d'une longueur de 80 à 90 kilomètres selon les "options".
La voiture est garée, je suis seul, c'est bientôt le départ. Je transporte avec moi 3 litres d'eau, quelques aliments censés me nourrir, les 2 cartes nécessaires, un appareil photo, un t-shirt manches longues au cas où, une couverture de survie. Les prévisions météorologiques annoncent des températures estivales et m’incitent à prendre un couvre chef...je ne savais pas encore...
Préparer c'est déjà partir... |
Enfin c'est le départ. Rapidement j'adopte un rythme fort agréable au cœur d'une région qui l'est tout autant...mais quelle chaleur! J'ai bien eu chaud ces dernières semaines en montagne ou sur les chemins mais c'est sans comparaison avec ces conditions qui semblent constituer la principale difficulté de la journée...
Ici je retrouve un secteur que j'ai beaucoup fréquenté dans les années 90 et qui me tient particulièrement à cœur. Il ne s'agissait alors pas de trail mais de plongée-souterraine. Véritable gruyère cette région cache, à celui qui passe trop vite, de formidables phénomènes karstiques. Les Gorges de la Vis et le Cirque de Navacelles en font partie. Les grottes, avens, sources et résurgences constituent les portes d'entrées d'un monde souterrain fantastique et discret. Durant une dizaine d'années, mon temps a été consacré aux plongées-souterraines, au point, mordu par le virus, de tourner le dos au monde marin pour un amour exclusif; l'exploration des conduits noyés du monde minéral. Quels souvenirs!
Vingt ans plus tard dans ce même secteur, je cours. Les kilomètres défilent tranquillement et me rapprochent du bord du causse. Je m'efforce de boire régulièrement en pensant à l'air frais qui devrait parcourir le fond des gorges plusieurs centaines de mètres plus bas. Mais plus je descends et plus la température monte. Au fond, la chaleur est plus forte encore. J'ai l'impression d'être dans un four. Décidément cette sortie va être beaucoup plus difficile que prévue. Étonnement je cumule quelques contradictions; je cours assez vite depuis quelques heures et je ne ressens ni la soif, ni la faim. Sans y porter plus d'attention je savoure le chemin qui épouse les méandres des Gorges de la Vis....
Les Gorges de la Vis entourées des Causses du Blandas et du Larzac |
Navacelles, enfin. Le village et le cirque éponyme sont encore épargnés des assauts touristiques. Je parcours une ruelle et m'arrête à une fontaine généreuse où je redécouvre l'eau fraîche. Vissec se situe à une bonne dizaine de kilomètres et je repars sans plus tarder. A ce moment là j'ai un premier doute; la reprise après cette pause très (trop) rapide est difficile. J'ai des douleurs musculaires, je ne me sens pas dans mon assiette, à la croisé d'un chemin j'hésite alors que la suite est évidente et...j'ai sommeil.
Navacelles |
La chaleur est constante et semble écraser tout autant le paysage que ceux qui en ont décidé la traversée à pied...de surcroît en courant!
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